Le 30 avril 2022, plus de 160 lits pour les personnes sans-abri seront supprimés à Lausanne. Cette décision, on la doit à la politique du thermomètre qui consiste à ouvrir davantage de places d’urgence en hiver. Ce système a été mis en place suite au décès d’une personne sans abri en raison du froid extrême en 2001. Il a fallu un événement aussi tragique qu’un décès (mais surtout la médiatisation de celui-ci) pour rendre visible le danger du sans-abrisme et pour que les services publics prennent leurs responsabilités sous la pression. Depuis ce drame, la ville de Lausanne met en place des centres d’hébergement d’urgence supplémentaires durant la période hivernale. Ces lits viennent s’ajouter aux structures d’hébergement d’urgence à bas seuil dont le Sleep-in fait partie. Cette année c’est le Répit et la Borde 47 qui accueillent des personnes sans abri depuis le 1er décembre. Avec cette politique, c’est en fonction des saisons et des températures que l’on estime qu’une personne sans abri a la possibilité ou non de dormir à l’intérieur. Ainsi, ces structures supplémentaires, déjà insuffisantes par rapport aux besoins, fermeront leurs portes dès le début du printemps.
Nous redoutons profondément ces fermetures car les conditions d’accueil au Sleep-in sont préoccupantes. La situation est déjà tendue en ce moment avec une augmentation des problèmes de santé mentale et physique, de nombreuses décompensations et de l'agressivité entre les personnes. En parallèle, dans un contexte de saturation du dispositif d’hébergement d’urgence lausannois, chaque jour de nombreuses personnes se voient refuser un lit et tous les soirs des gens sont obligés de dormir dehors. Alors si la situation est alarmante aujourd’hui, on vous laisse imaginer lorsque les centres hivernaux fermeront leurs portes… Et ce sont encore les personnes en provenance des États Tiers (Rroms et hors Europe - principalement d’Afrique Subsaharienne et du Maghreb) qui se retrouvent à dormir dehors car elles ne sont pas « prioritaires » dans le système de réservation des places d’urgence de la ville. La fermeture des centres hivernaux aura donc des répercussions désastreuses. Dégradation de la qualité d’accueil dans les structures, augmentation des personnes qui dormiront à la rue et renforcement de la précarité pour les groupes les plus précaires.
Alors jusqu’à quand et pourquoi les communes et cantons continuent-ils d’appliquer la politique du thermomètre ? Si les raisons invoquées sont souvent la rhétorique de l’appel d’air et un manque de budget, on peut se permettre d’en douter puisque le système, soit disant à son maximum, a mis à disposition environ 200 lits à Beaulieu pour les réfugié.e.s ukrainien.enne.s. Les communes genevoises ont, quant à elles, débloqué 6,2 millions de francs pour maintenir les 200 places d’hébergement d’urgences hivernales alors que la politique du thermomètre a été abandonnée il y a de cela quelques années par les autorités genevoises. Qu’attendent donc les institutions publiques vaudoises pour agir ? Chaque année, nous faisons pression pour le maintien des ces places. Cette fois-ci c’est une lettre adressée à Rebecca Ruiz que nous avons envoyée. En espérant vivement qu'elle produise enfin l'effet attendu.
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