Le 1er novembre le Répit ouvrait ses portes pour le 7ème hiver consécutif. Cet accueil de nuit dormant inconditionnel vient désormais chaque année renforcer le dispositif d’hébergement d’urgence lausannois. Plus que le renforcer, il lui permet surtout de souffler un peu et d’alléger les travailleur.euse.s de la Marmotte, de Saint-Martin ou du Sleep-in. Il ne faut pas non plus oublier ici EMUS qui, tout au long de la période estivale, ne peut offrir de solution aux personnes sans-abri qui les sollicitent. Dès son troisième jour d’ouverture, le Répit comptait 123 personnes venues se reposer, se doucher ou boire quelque chose de chaud.
Pour compléter le dispositif, la Borde 47 et ses 42 places supplémentaires ouvriront le 1er décembre. les travailleur.euse.s, les personnes que nous accueillons et surtout celles que nous refusons chaque soir attendent ce jour impatiemment. Un cycle qui se répète encore, encore et … encore !
Cette période de « trêve » durant laquelle Lausanne propose un nombre important de places dormantes ou de lieux de repos durera quelques mois, jusqu’à fin avril. On retombera alors dans la période estivale, les autorités décideront encore une fois de ne pas octroyer de budget afin de pérenniser ces lits à l’année et les périodes de révolte seront à nouveau à leur apogée. Une histoire qui se répète, une histoire qui épuise tout le monde, en particulier les 1517 personnes sans domicile qui cherchent à trouver des lieux de Répit dans la capitale vaudoise depuis le début de l’année.
Pour rappel, en avril 2022, le collectif 43m2 voyait le jour pour rendre cette situation visible en occupant Beaulieu puis les jardins de la Haute Ecole Sociale et de la Santé (Hetsl). Bien que considérées comme des occupations illégales, elles ont eu le mérite d’obtenir une couverture médiatique et de mettre un peu de pression sur les autorités cantonales et municipales. L’hébergement d’urgence est un dossier parmi d’autres dans l’agenda politique et la force des actions militantes est de remettre régulièrement ce dossier en haut de la pile. Depuis le terrain, nous ne pouvons que saluer ces actions et toutes les personnes qui se bougent au quotidien pour faire valoir que ne pas dormir dehors, même en été, est le minimum qu’une ville comme la nôtre doit pouvoir offrir aux gens qui fréquentent ses rues.
Le 14 septembre 2022, en réponse aux actions de 43m2, la Ville de lausanne et l’Hetsl organisaient une table ronde réunissant les institutions et collectifs du terrain ainsi que différentes autorités municipales et cantonales. Pour la première fois, tout le monde s’accordait à dire qu’il y a un réel manque de place et qu’il faudrait mettre fin à la politique du thermomètre qui propose moins de places durant la période estivale.
Après les mots, nous attendons les actes ! Nous attendons toujours que l’Hetsl publie le rapport de cette table ronde, nous attendons toujours un signe des autorités qui disaient vouloir réfléchir avec les personnes du terrain aux différents enjeux de l’hébergement d’urgence, nous attendons toujours un lieu pour le collectif Jean Dutoit qui survit aujourd’hui dans des conditions indécentes.
Cette newsletter n’a au final d’autre but que de rappeler à tout le monde que les structures hivernales doivent être pérennisées cette année ! Les acteur.ice.s du terrain doivent continuer à le marteler à chaque colloque ou réseau, les journalistes doivent nous appuyer et les autorités ont la responsabilité de débloquer les budgets nécessaires d’ici avril.
Vous trouverez ci-dessous un échantillon de notre feuille des refus. Il s’agit d’un document sur lequel nous écrivons chaque soir quelles personnes ont pu dormir dans notre structure ou si, au contraire, elles se sont fait refuser. Il s’agit ici d’un mois où les structures hivernales sont fermées et on y voit donc les injustices qu’un manque de place crée. En effet, certaines personnes n’obtiennent quasiment aucune réservation à travers le système mis en place par la ville de Lausanne et se voient donc refuser un lit plusieurs fois par mois. Depuis le terrain, nous ne comprenons pas comment on ose encore nous marteler aujourd’hui qu’il faut évaluer les besoins. Les chiffres sont connus, notamment à travers la base de données ACDURG de la ville de Lausanne. Celle-ci révèle le nombre de personnes qui ont fréquenté les structures, le nombre de refus à l’année, les profils des personnes que nous accueillons et permet surtout d’analyser la différence entre la période hivernale et estivale. Les autorités ont les données qui leur permettent d’argumenter des décisions politiques mais force est de constater que le dossier hébergement d’urgence n’a plus la même aura que lorsque le collectif 43m2 occupait le palais de Beaulieu. Espérons que cette brève newsletter fera remonter un petit peu le dossier sur la pile de l’agenda politique. |