Bonjour l’équipe,
Je me permet de vous envoyer un mail pour vous informer de la situation de Madame *******. Nous lui avons fait une réservation du 30.04 au 27.05. Madame a un fils de 7 ans, nous lui avons fait la même réservation sauf que, dans le programme il ne restait qu’une place pour le 1er mai…
Nous avons pris la réservation pour madame le 1er mai.
Et donc, est-il possible que son fils soit pris en urgence ce jour-là ?
Agréable fin de journée,
Pour le bureau des réservations.
Mail reçu le 20.04.2022 |
| |
Comme chaque année à la même période, le système d’hébergement d’urgence à la tête sous l’eau. Généralement, il nous fallait attendre la fermeture des structures hivernales, à savoir la Borde47 et le Répit pour cette année 2022, pour recevoir les premiers mails du Bureau des Réservations de la ville de Lausanne qui nous prie de prendre en urgence les personnes qui ne parviennent pas à obtenir de réservations par manque de place. Cette année, la première demande (plusieurs ont suivi ces derniers jours) nous est parvenue le 20.04. 2022 soit 10 jours avant la saturation annoncée du système. Ce système qui ne parvient pas à garantir une place pour un enfant de 7 ans. Ce système qui au 18 mai 2022 a déjà refusé un lit à une personne à 1437 reprises. Attention, apparemment on n'est pas sûr que le dispositif est (soit) saturé… Il semblerait qu’il faille faire une évaluation pour savoir s’il manque des places d’hébergement d’urgence à Lausanne et dans le canton de Vaud.
Une évaluation du dispositif… C’est la brillante idée et solution novatrice proposée par le Département de l’Action Sociale et de la Santé à une lettre ouverte co-signée par les acteur.ice.s du terrain qui expliquait que le dispositif était saturé. Oui, on se répète, encore et encore à longueur de semaines, de mois et maintenant d’années : le dispositif est saturé ! À noter qu’il y a deux ans, lorsque nous avions porté les mêmes revendications, il nous avait été répondu que le Département allait faire une évaluation… Un air de déjà vu donc !
La réponse du Département... Revenons d’ailleurs rapidement dessus. Mme Ruiz et son équipe nous disent qu’il faut faire attention avec les chiffres des refus, car « une personne peut se présenter à plusieurs structures et ainsi être comptabilisé plusieurs fois ». Pour rappel, les entrées de la Marmotte se font à 20h00, celles du Sleep-in à 20h30, celles de Saint-Martin à 21h00 et celles de la Borde47 se faisaient à 21h00. Il est donc difficile de pouvoir se présenter quasiment simultanément à ces quatre lieux. D’autant plus pour une personne à la rue, qui se déplace principalement à pied pour éviter de cumuler des amendes de transports publics. Ensuite, on l’a dit « le dispositif est saturé » et ça, à part le Département, tout le monde le sait ! Et les bénéficiaires du dispositif en premier lieu. Vu du terrain, c’est une aberration de penser qu’une personne refusée à la Marmotte ou au Sleep-in ira tenter sa chance dans l’autre structure. On mettra le manque de sens de cet argument sur le fait qu’il n’est pas évident, il est vrai, de se rendre compte de la réalité concrète du terrain. C’est d’ailleurs encore plus difficile de s’en rendre compte lorsque la personne chargée de représenter le canton ne vient pas au seul colloque durant lequel elle aurait l’occasion de rencontrer des personnes du terrain. Mais il nous a été dit qu’elle lisait les PVs… Ouf !
Dans sa réponse, le Département nous dit encore qu’il faut faire attention aux refus et aux tendances, car en janvier et février 2022 il n y a eu aucun refus. On ne va pas dire que Mme Ruiz et son équipe font preuve de mauvaise fois, mais on va davantage ici mettre en lumière, encore une fois, une méconnaissance du terrain. En effet, il convient de rappeler que, de décembre 2021 à mars 2022, les structures d’hébergement d’urgence étaient infestées de punaises de lit (on parle de la qualité de l’accueil ?) et il a donc été décidé conjointement entre toutes les structures lausannoises de faire des longues réservations mensuelles et de ne plus prendre d’urgence. Ceci dans le but d’éviter que les gens se déplacent entre les structures et y amènent par la même occasion des punaises de lit. Il est donc vrai que nous avons comptabilisé 0 refus sur cette période, mais c’est malheureusement dû à un choix sanitaire. On constate ainsi que le Département n’a aucune idée de ce qu’il se passe dans son dispositif. On savait que la question des personnes sans domicile n’était pas super sexy et peu prioritaire dans l’agenda politique, mais à ce point ?! On est triste, pour ne pas dire énervé, de l’apprendre.
|
| |
Des personnes dormant sur le perron de la porte du Sleep-in après avoir été refusées. |
| |
On pourrait s’amuser à démonter l’ensemble des arguments du Département les uns après les autres, mais l’envie n’est plus là. On préfère ici se demander comment il est possible que nos référents étatiques soient autant ignorant.e.s de notre réalité ? Quels sont les retours, lorsqu’il y en a, de ce qu’il se passe sur le terrain ?
Comme souvent, c’est vers les directeur.ice.s des grosses institutions du social que l’on va se tourner pour prendre la température. On demandera aussi aux personnes responsables du dispositif. Ces mêmes personnes qui ne doivent surtout « pas se mettre le Canton à dos ». Ces mêmes personnes qui doivent répondre à des comités de direction ou de fondation qui leur demanderont de faire profil bas, car « on ne peut pas se mettre le subventionneur à dos ». C’est d’ailleurs la même chose qui nous est répondue lorsqu’on demande à la ville de Lausanne de se positionner pour une augmentation du nombre de places d’hébergement d’urgence à l’année. On nous fait gentiment comprendre que « c’est compliqué pour la ville de se positionner contre le Canton ». Dans ce cas, il y a encore la dimension du parti politique qui entre en jeu certainement. Une municipale PS ne souhaite peut-être pas mettre sa collègue de parti, Mme Ruiz, dans l’embarras. Toutes ces personnes sont les gardien.ne.s du Temple au final. Ces personnes qui ne contrediront jamais nos revendications, car elles savent qu’elles font sens, les partage même parfois, mais par contre on ne les entendra jamais dire « le dispositif est saturé ». Mais aujourd’hui, après des années à le répéter, se taire sur cette thématique, c’est être complice et laisser des personnes à la rue tous les soirs.
Que le bureau des réservations s’exprime sur le peu de places qu’il est possible d’attribuer chaque semaine. C’est peut-être pour ça que les horaires d’ouverture sont réduits à deux après-midi par semaine. À quoi bon ouvrir s’il n’est pas possible d’offrir des réservations aux personnes qui ont besoin d’une place dans un hébergement d’urgence ? Que les travailleur.euse.s de ce même bureau explique qu’ils/elles subissent le manque de place en se voyant contraint.e.s de renvoyer les gens à la rue sans pourvoir leur offrir de solution. Que les directeur.ice.s et responsables fassent remonter publiquement au Département que leurs employé.e.s sont débordé.e.s, que les structures sont en surcapacité et que, par conséquent, la qualité de l’accueil se dégrade ne permettant pas aux gens de se reposer. Que les communes, Lausanne en tête, se positionne pour le maintien des places hivernales dans le dispositif annuel. Que les communes, Lausanne en tête, suivent l’exemple genevois et participent à l’effort financier via la facture sociale*. Que chacun.e à son échelle participe à l’effort collectif ! Au final, nous ne demandons rien de dérisoire : que Lausanne, capitale olympique, agglomération de 403’110 habitant.e.s, puissent proposer 300 places d’hébergement d’urgence tout au long de l’année, car aujourd’hui elle n’en compte que 97. Mais pour cela, nous aurons aussi besoin des gardien.ne.s du Temple…
*À Genève, la responsabilité de l’hébergement d’urgence revient aux communes. La municipalité de Genève a donc fait le travail politique nécessaire pour impliquer les communes voisines et débloquer cette année un budget supplémentaire de 6,2 millions. Dans le canton de Vaud, la responsabilité de l’hébergement d’urgence revient à l’Etat de Vaud et les communes participent financièrement via la facture sociale. Sur le modèle genevois, la ville de Lausanne pourrait/devrait motiver les autres communes du canton à participer financièrement. À ce titre, Lausanne devrait montrer l’exemple en augmentant sa participation la facture sociale. |
| |
Bonjour l’équipe du Sleepin,
Nous avons reçu aujourd’hui au bureau des réservations Monsieur **********.
Il a des problèmes de santé, surtout une pression très haute. Nous avons appelé Unisanté pour savoir si un suivi existait pour ce monsieur. Ce n’est pas le cas.
Nous avons donc appelé EMUS qui est venu discuter avec lui.
Serait-il possible de prendre monsieur en urgence le temps que le suivi avec Point d’eau se mette en place ?
Nous n’avons pas fait de réservation pour l’instant car il n’y a aucune place de libre avant le 18 mai.
Merci d’avance pour votre compréhension.
Belle fin de journée
Pour le bureau des réservations.
Mail reçu le 6.05.2022 |
| |
|