A peine remis.e de l’été pluvieux et peu engageant, voilà que la morsure du froid vient s’inviter dans le quotidien des personnes qui gravitent autour du Sleep-in.
Si les travailleuses et travailleurs que nous sommes pouvons rentrer nous lover confortablement dans nos cocons respectifs pour affronter les températures de plus en plus hivernales, ce n’est pas le cas de nos usager.ère.s qui n'ont d’autres choix que d'attendre la chance d’être pris.e.s à l’intérieur de la structure.
Et parler de chance est un bel abus de langage. En effet, avec le système de catégorisation en 3 groupes permettant de prioriser les réservations à une population provenant de la région, qui travaille, possède un statut légal, ainsi que les femmes et les enfants, cela ne laisse virtuellement aucune chance à tout le reste de la population du bas-seuil d’accéder aux hébergements d'urgence. Un fossé monumental entre les personnes du G1 (prioritaires : personnes du canton de Vaud avec permis de séjour) et celles du G3 (homme pas originaire du canton de Vaud et sans travail) se crée. Même les personnes du G2 (personnes avec un contrat de travail, femmes et enfants) galèrent à trouver de la place. Certains qui ont pourtant des contrats de travail dans des emplois très éprouvants physiquement sont plusieurs fois par mois forcés d’endurer le froid de la nuit dans leur sac de couchage avant d'affronter leurs longues journées de travail. Car malgré les belles journées que le mois d’octobre ont offert, les nuits de novembre qui ont suivi sont rudes et sans pitié, il ne faut pas se leurrer.
Certaines nuits, la pression générée par ce système est telle, que même les femmes seules sont forcées de dormir dehors au profit des familles… Alors les hommes du G3, on oublie. Ils sont les grands délaissés du système, à ronger leur frein en attendant décembre et l'ouverture du Répit. Ces structures qualifiées d’hébergements d'urgence finissent par en perdre l'essence même de leur nom...
La goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà plein du Sleep-in et surtout de ses occupant.e.s, ce sont les punaises de lit qui ont investi les lieux. Les nuits se sont faites plus courtes et exsangues pour beaucoup, diminuant la patience de chacun.e. Nous croisons les doigts et surtout mettons les mains à la pâte pour pouvoir faire un nettoyage digne de ce nom et nous débarrasser durablement de ces vampires peu ragoutants, qui risquent d'envahir les autres structures. Dans le milieu communautaire, on partage tout, même les parasites.
Sur une note plus positive, une nouvelle arrivante, en la « personne » de la machine à café, a fait une entrée très remarquée et bienvenue en ces températures qui chutent. Elle a vaillamment fait 3336 cafés, le tout (presque) sans flancher, et n’est pas prête à prendre sa retraite de sitôt. Un grand merci à elle!
Le Sleep-in est également enthousiaste et heureux d'avoir souhaité la bienvenue à 4 nouvelles et nouveaux travailleur.euse.s sociaux.ales. Un vrai bonheur de les accueillir et étoffer notre équipe de cette bouffée d’air frais.
|