Commencer l’année avec une newsletter nous semblait une bonne façon de vous souhaiter à tous et toutes une belle année 2021. S’arrêter le temps d’une phrase ou deux pour vous remercier du soutien important et surtout indispensable que vous apportez aux personnes que nous accueillons chaque soir. Les sacs d’habits chauds, les dons, les bénévoles, les cadeaux de Noël ou encore votre adhésion en tant que membre, sont toutes ces petites choses dont l’impact est plus grand que vous ne l’imaginez. Merci les gens ! Vous assurez !
Commencer l’année avec une newsletter est aussi une façon de revenir sur 2020, une année aux événements tristement particuliers...
Des explosions du port de Beyrouth à l’enlèvement de 340 lycéens au Nigéria, en passant par le probable pire duel présidentiel de la plus grande puissance mondiale. 2020, c’est moche. Sans compter le sort des Ouïghours qui a (enfin) retenu l’attention de la communauté internationale et les nuits d’émeutes à Minneapolis, Chicago ou encore Houston où une partie du peuple américain ne peut véritablement « plus respirer » en raison de sa couleur de peau. Une révolte dont l’écho a retenti jusqu’en Europe et plus particulièrement à Paris où les proches d’Adama Traoré n’ont toujours pas obtenu justice. Et avec tout ça, on a même pas parlé de l’arrivée d’une pandémie...
On zoome un peu et on se rend compte que la Suisse romande a également eu son lot d’images marquantes, dont certaines qui nous ont plutôt mis du baume au cœur. On a alors en tête le retentissement de « Fuck le 17 » sous le tunnel des Alpes à Genève en commémoration de l’assassinat de Mike Ben Peter, la prise d’assaut du rond-point de la maladière par des milliers de cyclistes le 14 juin ou encore les 10’000 jeunes (et pas que !) venu.e.s suivre Greta Thunberg pour confronter nos autorités face à leurs responsabilités. Sinon, triste encore, nous avons vu des centaines de personnes attendre un colis d’aide alimentaire à la patinoire des Vernets et à la place de la Riponne.
Zoomons encore un peu pour arriver à la porte de l’association Sleep-in. Ici, et dans les autres hébergements d’urgence de la ville de Lausanne, ce n’est pas des centaines, mais plus d’un millier de personnes que nous avons accueillies. 1551 personnes différentes pour être exact.
Vu depuis chez nous, l’année 2020, c’est l’ « appel 212 ». Ce sont 212 personnes, institutions et partis politiques qui se mobilisent pour demander le maintien de 212 lits d’urgence quotidien sur la région lausannoise. 2020, c’est la mise à disposition de 28 appartements par notre association pour 61 personnes. Un dispositif qui a vu le jour grâce à l’ALJF (Association pour le logement des jeunes en formation) et désormais accompagné de permanences menées intra-muros pour favoriser une intégration sur le marché immobilier pour les gens que nous accompagnons. 2020, c’est le début de l’accueil de jour pour notre jolie maison jaune de la friche de Malley. Une nouvelle prestation qui n’a pas eu besoin de temps pour prouver qu’elle était nécessaire avec 59 personnes présentes le premier jour. Des gens qui viennent discuter, se reposer, prendre une douche, se reposer, faire du sport, se reposer à nouveau, se faire coiffer et enfin se reposer une dernière fois avant de retrouver les fatigantes rues de Lausanne et ses environs. 2020 c’est également la mise en place de permanences de soins dans l’ensemble des structures d’hébergement d’urgence du canton de Vaud en partenariat avec Médecins du Monde. Un projet initié il y a plus de deux ans qui voit enfin le jour. Finalement, 2020, c’est le corona virus...
Étrangement, la pandémie a eu quelques effets positifs sur le dispositif bas-seuil. À commencer par une augmentation du nombre de places pour les personnes sans- abri afin d’atteindre le chiffre de 250 en décembre. Chiffre jamais atteint jusqu’ici. La mobilisation de l’« appel 212 » et sa médiatisation, a-t-elle pesé dans les prises de décisions politiques ? Franchement pas sûr, mais on aime se dire que oui. Ça donne de la force pour la suite. Autrement, afin de faire face à la crise sanitaire et économique que nous connaissons, les prestations bas-seuil sont quasiment toutes devenues gratuites. Dans nos structures, les gens ont pu bénéficier de réservations plus longues. Cela a changé la dynamique de notre maison, car les personnes « vivaient » ensemble et le stress de côtoyer des inconnu.e.s laissait parfois place à des échanges agréables et drôles. Nous l’avons particulièrement senti lors du semi-confinement d’avril à juin où nous avons pu ouvrir 24h/24. Une période bénie où le repos s’est fait sentir ! Enfin, la pandémie de la Covid-19, ce sont les cas positifs et force est de constater que le dispositif bas-seuil en a connu très peu et c’est une chance. Une fois n’est pas coutume, bravo aux personnes qui ont su mettre en place un dispositif efficace et réactif. Avec une spéciale dédicace à Eliane Belser, responsable du dispositif aide sociale d’urgence, pour sa super-disponibilité et son calme durant cette période de crise.
On se tourne désormais vers 2021 et notre résolution à laquelle nous tenterons de nous raccrocher : militer pour le maintien du dispositif mis en place pour répondre à la crise de la Covid-19, mais sans la Covid-19. Il y a besoin de 250 places toute l’année, il y a besoin d’avantage de lieux ouverts en journée pour se (re)poser et il y a besoin que les prestations bas-seuil restent gratuites, car 2021 risque d’être une année difficile pour les personnes qui (sur)vivent uniquement à travers des emplois (déclarés ou pas) précaires. Avec ou sans pandémie, ce dispositif doit être mainte- nu, car les besoins sont là et nous le constatons tous les jours.
Avant d’attaquer 2021, merci encore à tout le monde pour les coups de main. Merci à la Maraude et leur aide incessante, merci à l’ALJF pour le partenariat en or, merci à la Ville de Renens de nous avoir mis à disposition des appartements, merci à l’armoire à couverture, à Ingrid Freymond, aux Ami.e.s de la rue, à la Loterie Romande qui a soigné notre presque immortelle cuisine, à Médecins du Monde, et à nos nouveaux.elles membres pour la force. Merci au Point d’Eau Lausanne, le phare dans la mer sombre. Finalement, on vous remercie encore une fois pour votre soutien et on espère pouvoir très vite vous redonner des nouvelles positives !
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